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Article récent dans la nouvelle république concernant Mr Claude Couet

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"ce n'est pas parce que les choses nous semblent inaccessibles que nous n'osons pas...c'est parce que nous n'osons pas qu'elles nous semblent inaccessibles" (SENEQUE).

"Chaque instant de la petite enfance est lentement gravé dans le marbre.Toute nouvelle sensation,toute nouvelle experience s'approprie avec le temps.L'enfant est comme une oeuvre d'art,il se fonde dans l'amour et la culture, il s'érige avec patience".


Un jour, on demanda au Bouddha :

"Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans l'humanité ?"

Il répondit :

"Les hommes qui perdent la santé pour gagner de l'argent
et qui, après, dépensent cet argent pour récupérer la santé.
A penser trop anxieusement au futur, ils en oublient le
présent, à tel point qu'ils finissent par ne vivre ni au
présent ni au futur. Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais
mourir et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu


"Soyons le changement que nous voulons pour le monde" Gandhi

vendredi 20 novembre 2009

Info sur Simon de la brosse








MANUEL SANCHEZ
A propos de Simon de la Brosse
Entretien réalisé le 17 Mai 1999
à Charleville-Mézières
Par Richard DALLA ROSA




SIMON AVAIT BESOIN DE TOURMENTER LE MONDE POUR LE REMETTRE EN QUESTION



Manuel Sanchez naît le 9 janvier 1958 à Nevers. Après un DEUG de Lettres et de Psychologie, il suit des études de cinéma au Conservatoire Libre du Cinéma Français. De 1980 à 1982, il séjourne en Colombie où il effectue divers reportages et travaille pour la télévision. De 1985 à 1987, il est Assistant Monteur avant de se lancer dans la production de courts et de longs métrages. Réalisateur du dernier film de Simon de la Brosse, Les Arcandiers (1991), il se souvient et témoigne après la disparition de l’acteur.





Objectif Cinéma : Comment aviez-vous découvert Simon de la Brosse ?

Manuel Sanchez : En tant qu’acteur, je l’avais remarqué dans Pauline à la plage, et j’avais été touché par le film. Puis je l’ai rencontré quand j’ai été assistant de Tachella au montage du film Travelling Avant, et nous avons sympathisé. Simon était un garçon qui regardait énormément autour de lui. Je crois que j’ai été saisi par son regard, et j’avais besoin de ce regard-là quand je l’ai contacté pour le casting des Arcandiers. Cela en a surpris plus d’un car il était plutôt associé à une image lisse de beau garçon de bonne famille, et je lui proposais un rôle dans la gadoue. Ce n’était pas un effet de snobisme que de le prendre à contre-pied, mais j’avais pu remarquer lors de nos premières rencontres qu’il n’était pas le bon garçon qu’on pouvait croire, qu’il avait aussi son côté voyou, un côté mauvais garçon qui m’intéressait chez lui, et puis surtout son regard qui balayait le monde, un regard impitoyable et très aiguisé qui laissait passer de l’inquiétude, puisque le monde l’inquiétait, à mon avis à juste titre. Son regard rejoignait l’axe du film que je lui proposais, et cet axe, c’était l’inquiétude.


Objectif Cinéma : Dans quelle mesure le monde l’inquiétait-il ?

Manuel Sanchez : Simon était un garçon insatisfait, blessé par les horreurs du monde, et il ne voulait pas seulement construire une carrière, il lui fallait autre chose, une dimension idéaliste, mais lucide. Il n’était pas dans la béatitude, ce n’était pas un idéalisme idéologique, c’était un idéalisme de l’ange, il y avait quelque chose qui l’avait déçu dans ce monde et il traînait cette déception avec lui. Une déception mais surtout une volonté de construire quelque chose en dehors des schémas conventionnels, préétablis, il n’était pas quelqu’un qui cherche à rendre le monde paisible, il ressentait le besoin de tourmenter le monde pour le remettre en question.






Objectif Cinéma : Quel acteur était-il ?

Manuel Sanchez : Il était un provocateur, il nous cherchait dans nos habitudes de pensées, nos habitudes d’existence, il voulait déranger, mais pas déranger pour se faire remarquer, il voulait déranger pour nous faire remarquer que le monde ne tournait pas aussi rond qu’on le pensait. Il nous obligeait à nous arrêter et à nous remettre en question, à regarder le monde dans ce qu’il a de beau et de laid en même temps. Il était à la fois spectateur de la beauté et de la laideur du monde.



Objectif Cinéma : Comment cela se manifestait-il sur le tournage des Arcandiers ?

Manuel Sanchez : C’était continuellement des questions. Le personnage de Tonio, il le vivait comme un personnage d’inquiétude, il tenait à braver l’adversité, et à se poser la question " Vais-je y arriver ? ", et " Où est-ce qu’on arrive ? ", finalement... " Quel est l’enjeu de toute cette souffrance ? ". Et je pense que ça faisait écho à sa propre souffrance... " Qu’est-ce qui vaut un tel effort sur soi pour continuer à avancer ? ", " Quelles sont les étincelles de lueurs qui sont suffisamment intéressantes pour chaque jour se dire je me lève ? ". Et ce n’est pas toujours évident de répondre et de trouver des éléments positifs pour se lever et continuer à faire ce métier. Il était loin de l’acteur superficiel, il ne voulait pas qu’on se serve de lui seulement comme d’une image. C’était un garçon cultivé qui avait pris le temps de lire.


Objectif Cinéma : Pouvez-vous nous citer une de ses particularités ?

Manuel Sanchez : Il était en effet capable de côtoyer des gens qui n’appartenaient pas à son univers. Je me souviens d’une anecdote sur le tournage du film... Un jour, Simon avait disparu. Il était parti avec un gars boire du vin dans une cave de l’Anjou. Et c’était un brave gars des bords de Loire... Simon avait vécu une parenthèse... Il était lui-même une parenthèse, il s’y abritait. Il ne voulait pas simplement construire une belle phrase, il aimait bien l’arrêter à un moment donné et construire quelque chose en parallèle.






Objectif Cinéma : En parlant de phrases, saviez-vous qu’il écrivait des textes poétiques ?

Manuel Sanchez : Non, je l’ai appris juste après sa disparition, et j’ai été franchement touché par la beauté de ses textes... Comme je m’intéressais à Rimbaud, j’avais été surpris par leur fraternité littéraire, on est dans le même registre, d’illuminations, de déstructuration... On avait parlé de Rimbaud lors d’un festival en Belgique, et il connaissait bien cet auteur... Il s’intéressait beaucoup à la poésie, il s’intéressait également au théâtre, à la musique...


Objectif Cinéma : Simon était bien plus que l’image lisse du jeune acteur promis au succès...

Manuel Sanchez : C’est ce qu’il aurait pu devenir, mais c’est ce qu’il n’a pas voulu devenir parce qu’il n’était pas construit pour ça, il était davantage dans la vie avec sa rugosité que dans une espèce d’image glamour... Il était capable de jouer, mais incapable de tricher. Quand il était mal, il était mal.


Objectif Cinéma : Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de lui ?

Manuel Sanchez : J’aimais son rire. J’en ai parlé avec Jean-François Balmer, qui est l’une des dernières personnes à l’avoir vu rire. Son rire était populaire, franc, il se lâchait complètement, il partait même dans des fous rires parfois, entre les scènes de tournage... C’était des éclats... Il riait aussi avec les yeux, dans la complicité qu’il pouvait offrir. Il avait un œil, c’était du 24 images/seconde, il possédait une intensité dans le regard...


Objectif Cinéma : On pense alors à ce qu’il dit lui-même du travail d’acteur, notamment dans le reportage tourné par Willy Pierre, où il déclare que l’acteur est un regard... Regarder, sentir, agir sur le néant, sur le chaos... Il savait ce qu’il faisait, savourait son métier, et se connaissait très bien, finalement ?

Manuel Sanchez : Oui, il se connaissait très bien. Il était un garçon qui avait énormément réfléchi, et qui ne pouvait pas toujours partager son expérience intime du monde... Il avait besoin d’un climat de confiance immense, et il suffisait d’une personne adverse pour qu’il se referme sur lui-même... Il avait besoin de se défendre contre certains ennemis, qui étaient généralement le comble de la vulgarité et du calcul... Il ne faisait aucun effort pour aller vers ceux qu’il n’appréciait pas. Il pouvait être très spontané et très intransigeant, c’était " Je t’aime " ou " Je ne t’aime pas ". Il n’était pas quelqu’un qui calculait, et il y avait beaucoup d’éléments qui l’effrayaient dans ce métier...


Objectif Cinéma : Son intégrité est le meilleur souvenir qu’on puisse conserver de lui... Mais quand on arrive au bout de sa vie, n’est-ce pas parce qu’on en a fait le tour et qu’on se connaît totalement ? Son ultime don peut-il se résumer à un formidable clin d’œil ?

Manuel Sanchez : Il avait tellement fait le tour du monde en tant que spectateur silencieux qu’il ne pouvait jamais être tragique. Il restait dans une dimension de comédie, il y avait toujours un rire qui attendait... Il était spectateur de lui et savait rire de lui-même... pour lui la vie devait être une sorte de spectacle mal organisé, pas forcément intéressant... Il n’était jamais totalement dedans, il était à côté. Il était à côté de nous, pas avec nous. Il n’avait pas de complaisance sociale. A côté, mais pas avec. S’il avait envie de te dire merde, il te disait merde. Sa distance lui donnait une lucidité, une clairvoyance... Il a eu le temps de voir, à mon avis.






Objectif Cinéma : C’est un paradoxe intéressant : un acteur est vu, mais lui, il préférait voir.

Manuel Sanchez : Il voulait montrer aux autres qu’il voyait. Il aurait pu faire de la mise en scène, et cela demande beaucoup d’efforts... On sentait souvent qu’il pensait " Est-ce que tous ces efforts valent vraiment la peine ? ". Je ne sais pas, je ne peux pas l’affirmer à sa place... mais on sentait qu’il pouvait reconstruire un regard, communiquer quelque chose. Et il était imprévisible... Ce n’était pas quelqu’un qui cachetonnait, il ne se contentait pas de bien dire son texte pour faire plaisir simplement, il sortait de la mécanique de l’acteur, c’était tout le contraire de quelqu’un qui est mécanisé. On est dans une espèce d’aventure avec lui, et à chaque fois, à chaque prise, on repart à zéro... Et puis il en sortait ce qu’il en sortait, mais son optique était " Je tente une expérience ". Il était dans l’expérience.

1 commentaire:

  1. moi j'ai grandi et fais les 400 coups avec simon, c'était un bon copain qui attirais l'amitié, je n'oublierais jamais les bétises de petits poulbots qu'on a fait avec olivier cassin entre 7 et 11 ans

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